22 août 2012

Un vendredi soir sur la terre

La plage serait un lieu fantastique s'il y avait de l'ombre. Non, vraiment. Allongée la tête derrière le sac à dos à 18h45 avec pour seule vue, dans l'angle les filles qui font des patés et partout ailleurs un grand ciel bleu, j'apprécie l'instant. Non le problème avec la plage, c'est plutôt le retour à la maison. Exemple.

19h Branle bas de combat faudrait peut être songer à rentrer. Les filles arrêtez de lancer du sable et prenez vos chaussures. Non mais arrêtez là oh ! Allez allez on se bouge !!
19h08 La traversée de la plage est interminable. C'est marée basse. A mi chemin la petite veut mettre ses chaussures.
19h10 La petite veut enlever ses chaussures. Elle n'en démord pas et s'asseoit par terre juste devant l'accès poussette. On bouche le passage.
19h15 Tout le monde a ses chaussures, arrivée sur le béton, terrain connu. On peut avancer. Ou pas. La petite a soif. Du coup la grande aussi. Deux fois chacune. La petite veut fermer la bouteille. La grande aussi.
19h18 Une voiture est arrêtée pour nous laisser traverser, la petite veut sauter du trottoir "seule", à pieds joints, sans donner la main. Elle prend son temps.
19h20 La petite veut porter la bouteille. La grande avance à reculons parce qu'elle voulait fermer la bouteille.
19h22 Avalanche d'amabilités de la grande envers sa soeur qui n'est plus sa copine et n'est vraiment pas gentille PARCE QU'ELLE A MIS LE BOUCHON SUR LA BOUTEILLE BORDEL !!
19h24 La petite se met à pleurer sans raison apparente, je la prends dans mes bras, elle veut sa sucette, je ne sais pas où elle est. 
19h26 La petite veut marcher.
19h27 En fait non.
19h28 On passe devant le manège. Non on ne fait pas de manège maintenant. Parce qu'on n'a pas les tickets. Parce qu'on en a déjà fait ce matin. Parce qu'on est fatigués il est tard. Parce qu'on en refera demain. PARCE QUE AHHHHHH
19h29 La grande veut un dauphin gonflable pour aller dans l'eau. A la plage elle voulait une otarie bleue. Puis un jet ski. Puis un gros bateau.
19h30 La petite marche un peu. Ça réveille son envie de sucette. Je ne sais toujours pas où elle est. Je la reporte.
19h32 La grande a mal aux pieds, mais pourquoi on veut pas s'arrêter, elle en a marre, et ahhhhhh cambrée la tête en arrière = la vie est trop injuste c'est trop dur personne ne m'écoute personne ne me comprend vous êtes tous méchannnnnnnnts.
19h33 Portillon d'entrée de la résidence, la petite a un regain d'énergie, elle ouvre la porte, la referme, la grande veut le faire aussi, ça tombe bien des voisins arrivent, elle leur ouvre la porte, la referme, la petite voulait le faire, elle hurle et s'asseoit par terre de rage et de désespoir.
19h34 Immense chagrin pour cette histoire de porte.
19h35 On est rentrés et toute la résidence est au courant. On menace de ne pas retourner à la plage le lendemain si c'est comme ça non mais oh.

Le lendemain on n'y est pas retournés... parce qu'il faisait froid (oui froid, -15 degrés en quelques heures ça fait tout drôle).
Le surlendemain, évidemment, on y est retournés, et au fil des jours ça s'est passé de mieux en mieux. On a pris le rythme.  

Ce n'est pas ce que vous croyez

Quand je vois quelqu'un faire la roue je n'essaye plus de faire pareil, j'ai peur de me casser en deux.
Plus tard j'essaye quand même, je me fais mal aux jambes, c'est malin.
J'ai mal au cœur en faisant de la balançoire au square, je tressaille à l'idée d'un grand huit.
Au moindre écart j'ai l'estomac en vrac.
J'ai mal au dos quand je ne dors pas correctement.
Je n'aime plus les petits suisses de couleur. Ni les frosties. Trop sucré.
Ma sœur m'a dit que j'aimerai surement le film Rebelle parce que je pourrai m'identifier. À la mère.
Les escaliers que je montais 4 à 4 me font mal au genou (bon en même temps je les monte avec la petite de 12kg dans les bras).
Faire "la machine à laver" dans les vagues me tire les jambes comme si j'avais fait la roue sans échauffement, tiens, justement.
À côté de ça je suis plus en accord avec moi-même, je sais mieux ce qui me convient, je me pose encore plein de questions mais sur quelques points de détails j'ai trouvé des réponses.
Bref j'ai 30 ans.
 
(La fin n'est ni un hommage à ni à la manière de. J'avais juste envie de l'écrire. Comme on ne peut plus écrire bref sans penser à Bref, je précise. Mais peut être que j'ai été influencée. Ou pas. On s'en fiche. Et j'ai aimé Bref.)