20 janvier 2013

Hérisson

Rappels.
Dans peu de temps on y sera.
Concentration.
"- Pensez à un mot...
(- Banane)
(Je ne sais pas pourquoi, demandez pas. J'avais faim.)
- ... qui symbolise pour vous ce spectacle...
(- Ah merde ça va pas coller. Faut que j'en trouve un autre.)
- Chacun votre tour vous allez le lancer fièrement vers la salle...
(- Oh putain. Merde merde merde un mot attend euh qu'est ce qui ferait pas trop niais et résumerait bien ce que j'ai ressenti ? Pas banane, pas banane, pas banane...)"
Bref j'ai fini par trouver un mot.
Ouf.

Lendemain, un concert de passé, un autre à venir, pas encore tout à fait atterri, re concentration.
"- Vous allez penser à un mot...
(- Oh putain merde encore) (le stress me rend vulgaire)"
Mon tour arrive bien trop vite, panique totale, j'ai l'esprit en sauce blanche, comme dans Ghostbusters. J'aurais pu penser à quelque chose de totalement inoffensif, comme le bibendum chamallow, mais non, rien, ou plutôt trop, un magma géant et inextricable, une énorme pelote toute emmêlée dont aucun mot n'accepte de sortir. Cathy m'aurait demandé de sortir cette fichue épingle de sa botte de foin que je me serais sentie pareil.  On arrive à moi, je ne sais pas quoi dire, je dis "agrmbghlugfm je sais paaaaaaas". Et c'est vrai je ne sais vraiment pas, ce n'est pas que je ne veux pas jouer le jeu, c'est que j'aime trouver le mot juste, l'improvisation ce n'est pas mon truc et là je bloque. Je sais faire des résumés de texte, des contractions, des synthèses, en tant de mots + ou - 10%. Je sais réfléchir aux mots, les tourner dans ma tête, les aimer, les choisir, les donner sur le papier. Mais là à cet instant je n'arrive pas à mettre un mot, un seul mot, sur le trop plein d'émotions de la veille. Je suis fatiguée mais intérieurement en surchauffe, je n'ai pas envie de réfléchir, d'analyser, je n'en ai pas le temps. Autour de moi les mots fusent. Ils sont vrais, chacun et tous ensemble, mais aucun n'aurait pour moi résumé ce qui se passe dans ma tête.

Notre spectacle était fantastique. Ça c'est le mot d'Eléonore, les larmes au bord des yeux. Magique et féerique, encore plus que la générale. Long et rapide comme l'éclair. Incroyable, magnifique, génial, émouvant. Souriant, communicatif, vivant, intense. Dégageant fluidité, cohésion, ensemble, partage. Choeur coeur énergie émotion. Donner recevoir découvrir rire sourire. Transmettre, s'illuminer. C'était aussi stressant, déstabilisant, imposant, impressionnant. Mais surtout préparé, maitrisé, aimé, partagé. Enchainé, déchainé, tacatac tac boum, whizzz, waouh, youhouuu et compagnie. Unique. Infini. Énorme. Géant. Mémorable. Joie regards plaisir connivence. Nous.
J'ai démêlé ma pelote de mots. Et si j'avais pu réfléchir 30 secondes de plus je crois que j'aurais dit "paillettes".
Paillettes qui brillent, qui nous illuminent, qui transmettent notre joie d'être là, qui rappellent notre unité, ces moments partagés dans les coulisses autour du petit pot argenté, les yeux offerts, ces pschitts de laque inattendus dans le dos, ces vapeurs inhalées qui nous font tousser, ces petits riens qui rajoutent un peu de confiance, de glamour, de beau, de fête, cette lumière réfléchie sur nous en mille endroits, reflet des mille étoiles de la salle et des yeux des spectateurs.
Notre spectacle était tout plein de paillettes.

Le mot de la fin revient à ma maman, qui n'a pas attendu la fin de ma phrase pour me répondre quand je lui racontais en rentrant à la maison :
"- Avant le concert Cathy nous a demandé de dire chacun un mot, la comme ça, et j'ai pas su quoi dire..
- Ben pourquoi, tu aurais pu dire n'importe quoi. Hérisson."
Voilà. Banane. Hérisson.

Et comme il y a cette question qui hante vos nuits :
Delphine je n'ai pas trouvé de nom scientifique à la phobie des paillettes, alors qu'il y en a pour la peur des poupées, des cheveux, des chauves, des ouvre-boites, des cafetières et meme de sa belle mère, qu'un canard quelque part soit en train de te regarder, des cucurbitacées ou des lézards tombant sur un lit (si ça vous dit, liste par ici).
Je propose la glitterinthebedophobie.

4 commentaires:

Maryline a dit…

Rien à dire juste larmes aux yeux... Hier soir et en lisant tes mots...
Bon, ça fait pas un mot mais voila, c'est ce qui pour moi résume cette soirée.
Bisous

Anonyme a dit…

Ne pas avoir pu sortir un seul mot lorsque Cathy nous l'a demandé était aussi une façon de résumer ce que l'on avait ressenti de ce premier concert Stéphanie! Et une très belle façon je trouve!
J'aaaiiiime!
Bises,
Isa

Clemtine2 a dit…

Mon alto préférée, tu vas nous manquer !
Tu as fini cette aventure chorale en apothéose, c'était top :)
Des larmes de joie et d'émotion j'espère, je ne veux pas te rendre triste !
Bisous à bientôt

Clemtine2 a dit…

Merci :)
Je me suis sentie un peu cruche sur le moment mais ça m'a inspirée finalement, et ma maman m'a bien fait rire avec son hérisson !
Bisous à très vite